Juliette Roche
Paris, 1884 — Saint-Rémy-de-Provence, 1980
Juliette Roche naît en 1884 à Paris dans un milieu bourgeois, libéral et cultivé. Son père est journaliste, homme politique de gauche et député. Très tôt initiée à l’art dans le cadre familial, elle suit des cours et intègre en même temps le milieu artistique parisien du début du XX° siècle. Sous un pseudonyme, elle expose pour la première fois et publie un recueil de poèmes en 1907 puis l’année suivante participe au Salon des Indépendants. Elle s’inscrit à l’académie Ranson où elle s’initie au style des Nabis, voyage beaucoup, s’intègre à la vie parisienne artistique. Après sa première exposition personnelle à la galerie Bernheim-Jeune en 1914, elle rencontre le peintre Albert Gleizes qu’elle épouse en 1915. Le couple part s’installer à New York, ensuite en Espagne, puis retourne à New York jusqu’à la fin de la guerre. De retour en France dans les années 20, elle participe au mouvement dada qu’elle avait découvert à New York avec Marcel Duchamp. Elle continue à exposer et à publier des recueils de poésies. En 1923, héritière de son père, elle songe à créer avec son mari une communauté d’artistes. En 1926, le couple achète une propriété agricole à Saint-Rémy-de-Provence qu’ils mettent en gérance puis l’année suivante loue Moly-Sabata, un domaine à Sablons (Isère) pour en faire une résidence communautaire à la fois agricole et artistique, construisant son organisation autour des cycles naturels en harmonie avec la nature, déjà résolument écologique. Ils parviennent à acheter Moly-Sabata juste avant la Seconde Guerre Mondiale. Les années de guerre se passeront à Saint-Rémy-de-Provence où ils s’intègrent à la vie locale. Devenue veuve en 1953, Juliette Roche ferme l’atelier de son mari à Paris et rapatrie ses œuvres dont quelques-unes sont données au musée des Beaux-Arts de Lyon. Les années suivantes, elle continue à peindre, à gérer Moly-Sabata et à participer au monde de l’art. En 1968, elle crée l’Association Albert Gleizes qui a pour but de faire connaître et diffuser les œuvres de son mari. En 1979, elle est nommée Chevalier de l’Ordre des Arts et Lettres. Elle décède l’année suivante après avoir légué l’ensemble de ses archives et de sa bibliothèque ainsi que celles de son mari au Centre Pompidou.
Sa légataire universelle, la Fondation nationale des Arts graphiques et plastiques crée, selon ses volontés testamentaires, la Fondation Albert Gleizes en 1984. Celle-ci, devenant propriétaire de Moly-Sabata continue jusqu’à ce jour à y accueillir des artistes en résidence.