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Juliette Roche

Albert Gleizes (Paris, 1881 – Saint-Rémy-de-Provence, 1953)<br />
Composition, 1922<br />
Gouache sur papier collé sur carton<br />
Achat des Amis du musée Estrine<br />
Inv. ME.2003.17</p>
<p>En 1922, poussé par ses premiers élèves, Gleizes entreprend l’écriture de son ouvrage La Peinture et ses lois où il développe et précise ses théories plastiques : « Peindre, c’est animer une surface plane, c’est en rythmer l’espace ». Pour cela, l’artiste définit deux notions fondamentales : la « translation » et la « rotation » des plans. La première s’intéresse aux plans droits qu’elle envisage dans des déplacements latéraux de droite à gauche (et inversement) ou combinés. La seconde, comme son nom l’indique, considère les variations des plans obliques à l’intérieur du cercle. L’association de la « translation » et de la « rotation » laisse apparaître des formes traitées en aplats qui soulignent les différentes animations du plan.  Cette œuvre séduisante en est une des premières illustrations.</p>
<p>Crédits : Albert Gleizes, Composition - ME.2003.17 © Musée Estrine, cliché Fabrice Lepeltier - Adagp, Paris 2023<br />

Paris, 1884 — Saint-Rémy-de-Provence, 1980

Juliette Roche naît en 1884 à Paris dans un milieu bourgeois, libéral et cultivé. Son père est journaliste, homme politique de gauche et député. Très tôt initiée à l’art dans le cadre familial, elle suit des cours et intègre en même temps le milieu artistique parisien du début du XX° siècle. Sous un pseudonyme, elle expose pour la première fois et publie un recueil de poèmes en 1907 puis l’année suivante participe au Salon des Indépendants. Elle s’inscrit à l’académie Ranson où elle s’initie au style des Nabis, voyage beaucoup, s’intègre à la vie parisienne artistique. Après sa première exposition personnelle à la galerie Bernheim-Jeune en 1914, elle rencontre le peintre Albert Gleizes qu’elle épouse en 1915. Le couple part s’installer à New York, ensuite en Espagne, puis retourne à New York jusqu’à la fin de la guerre. De retour en France dans les années 20, elle participe au mouvement dada qu’elle avait découvert à New York avec Marcel Duchamp. Elle continue à exposer et à publier des recueils de poésies. En 1923, héritière de son père, elle songe à créer avec son mari une communauté d’artistes. En 1926, le couple achète une propriété agricole à Saint-Rémy-de-Provence qu’ils mettent en gérance puis l’année suivante loue Moly-Sabata, un domaine à Sablons (Isère) pour en faire une résidence communautaire à la fois agricole et artistique, construisant son organisation autour des cycles naturels en harmonie avec la nature, déjà résolument écologique. Ils parviennent à acheter Moly-Sabata juste avant la Seconde Guerre Mondiale. Les années de guerre se passeront à Saint-Rémy-de-Provence où ils s’intègrent à la vie locale. Devenue veuve en 1953, Juliette Roche ferme l’atelier de son mari à Paris et rapatrie ses œuvres dont quelques-unes sont données au musée des Beaux-Arts de Lyon. Les années suivantes, elle continue à peindre, à gérer Moly-Sabata et à participer au monde de l’art. En 1968, elle crée l’Association Albert Gleizes qui a pour but de faire connaître et diffuser les œuvres de son mari. En 1979, elle est nommée Chevalier de l’Ordre des Arts et Lettres. Elle décède l’année suivante après avoir légué l’ensemble de ses archives et de sa bibliothèque ainsi que celles de son mari au Centre Pompidou.
Sa légataire universelle, la Fondation nationale des Arts graphiques et plastiques crée, selon ses volontés testamentaires, la Fondation Albert Gleizes en 1984. Celle-ci, devenant propriétaire de Moly-Sabata continue jusqu’à ce jour à y accueillir des artistes en résidence.

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Juliette Roche (Paris, 1884 – Saint-Rémy-de-Provence, 1980)<br />
<em>Nature morte aux lys</em>, vers 1920-1930<br />
Huile sur bois aggloméré<br />
Don de la Fondation Albert Gleizes. Inv. ME.2023.1.</p>
<p>À son retour de New York, Juliette Roche se consacre principalement à la nature morte. Ces œuvres, dont celle-ci fait partie, se caractérisent par une exubérance décorative déjà amorcée à Barcelone et New York. Le bouquet de fleurs se détache sur des superpositions d’objets divers qui saturent tout l’espace où se manifeste une constante horreur du vide. Réalistes ou soumis à de soudaines géométrisations, les éléments sont ramenés à la verticale sur le plan de la toile dans une ultime résurgence ornementale du cubisme. </p>
<p>Crédits : Juliette Roche, Nature morte aux lys © Aïnu - Photo Augustin de Valence - Adagp, Paris 2024
Juliette Roche (Paris, 1884 – Saint-Rémy-de-Provence, 1980)<br />
<em>Le Jardin des Méjades à Saint-Rémy-de-Provence</em>, vers 1945-1950<br />
Huile sur carton<br />
Don de la Fondation Albert Gleizes. Inv. ME.2023.1.10 </p>
<p>De son mas des Méjades, Juliette Roche livre ici une vision heureuse, imprégnée du souvenir de Van Gogh. Dans un tourbillon de touches multicolores, chats et chiens se mêlent aux humains dans une joyeuse promiscuité. Défenseuse de la cause animale et adepte du végétarisme, Juliette Roche célèbre ici une nature exubérante, nettement moins domestiquée que celle des jardins plus inquiétants de ses années nabi. </p>
<p>Crédits : Juliette Roche, Le jardin des Méjades à Saint-Rémy-de-Provence - © Musée Estrine, cliché Fabrice Lepeltier - Adagp, Paris 2024
Juliette Roche (Paris, 1884 – Saint-Rémy-de-Provence, 1980)<br />
<em>Autoportrait à la voilette</em>, vers 1953<br />
Huile sur carton<br />
Don de la Fondation Albert Gleizes. Inv. ME.2023.1.6 </p>
<p>Dans cet ultime autoportrait, Juliette Roche se représente portant le deuil de son mari, Albert Gleizes. Vu les circonstances, le lumineux fond jaune, qui met en valeur l’élégante voilette transparente, étonne. Fixant frontalement le spectateur, Roche semble toujours faire preuve, malgré les atteintes de l’âge, de cette « si piquante ironie » qu’un critique avait décelé dans son œuvre dès ses débuts parisiens. </p>
<p>Crédits : Juliette Roche, Autoportrait à la voilette © Aïnu - Photo Augustin de Valence - Adagp, Paris 2024

Albert Gleizes

André Marchand