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André Marchand

André Marchand (Aix en Provence, 1907 — Arles, 1997)<br />
<em>Astarté</em>, 1945<br />
Huile sur toile<br />
Don Violaine Menu-Branthomme. Inv. ME.2012.24 </p>
<p>Cette très importante peinture de 1945 fait partie de la série des grandes baigneuses noires présentées à la Galerie Maeght qui a fait la célébrité d’André Marchand. Astarté est une déesse connue dans toute l’antiquité ; elle est Ishtar en Mésopotamie, Aphrodite en Grèce et Venus à Rome. Astarté incarne à la fois la guerre, la fertilité et la fécondité, et protège les marins. Dans la version de Marchand, Astarté est assise au premier plan et tisse des filets de pêcheurs A ses pieds, quatre poissons disposés à la verticale font écho à une nageuse dans le coin droit de la composition. Marchand peint cette scène sur un fond noir ou bleu très foncé, il souligne son dessin par des rouges orange, des jaunes vifs ou des verts qui isolent les personnages du fond et renforcent le contraste. </p>
<p>Crédits : André Marchand, Astarté © Musée Estrine, cliché Fabrice Lepeltier - Adagp, Paris 2024

Aix en Provence, 1907 — Arles, 1997

André Marchand est un peintre, dessinateur et lithographe. Après des études secondaires aixoises, il s’installe à Paris en 1929 et fréquente les académies libres de Montparnasse, mais ses seuls maîtres sont au Louvre où il passe de longues heures. À la même époque, il entreprend plusieurs voyages en Algérie, aux États-Unis, à Moscou, Varsovie et Vienne. Ses premières œuvres peintes à Saint-Rémy datent de 1935. Après avoir obtenu le prix Paul Guillaume en 1937 pour son tableau La Jeune Fille et le Paralytique, il devient le chef de file de la peinture française. Ami des poètes Breton, Jacob, Saint-John-Perse, Queneau, de Darius Milhaud et des peintres Bonnard, Braque et Grüber, il est un artiste incontournable de sa génération. Les œuvres de sa première période artistique, peu colorée, sont réalisées dans une matière très fluide. Démobilisé en 1940, il rejoint Aix-en-Provence et redécouvre la couleur. Il bénéficie dès lors de la reconnaissance des critiques et jouie d’une notoriété particulièrement importante. En 1945, il réalise une exposition à la nouvelle Galerie parisienne de Maeght où ses célèbres « baigneuses noires » lui valent l’éloge des critiques de Chastel à Leymarie. Pierre Cabanne écrit à son sujet : « Notre génération l’a découvert après la guerre et l’a regardé comme l’un de ses Maîtres ». Lassé des artifices de la vie parisienne, il décide de se retirer dans la nature à laquelle il voue un amour fusionnel. Il installe des ateliers en Bourgogne dès 1946, à Arles dès 1950 et plus tard en Bretagne, à Belle-Isle-en-Mer dans l’environnement desquels il trouve son inspiration. Sa peinture cherche à exprimer la puissance de la nature à travers les motifs du paysage, de la femme, déesse de la fécondité, et des natures mortes qu’il préfère intituler « vies silencieuses ». La Provence, Aix, Arles, les Alpilles et la Camargue seront toujours présentes dans sa création. Membre fondateur du Salon de Mai, il est représenté par la Galerie Maeght. Il participe aux plus importantes manifestations internationales. À côté de ses peintures, il illustre de nombreux ouvrages, crée des costumes et des décors de ballet. Il décède dans son atelier arlésien en 1997.
Des expositions autour du monde lui sont consacrées depuis les années cinquante, Biennale de Venise, Sao Paulo, etc. et ses œuvres figurent dans les plus grands musées, Musée national d’art moderne de Paris, Musée d’art moderne, FNAC, etc.
Le Musée Estrine est le lieu de référence de l’œuvre d’André Marchand, puisqu’il a bénéficié d’une donation de plus d’une centaine d’œuvres et participe désormais à la valorisation et au rayonnement de cet artiste.

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André Marchand (Aix en Provence, 1907 — Arles, 1997)<br />
<em>La nuit dans la Montagnette</em>, 1946<br />
Huile sur toile<br />
Don Violaine Menu-Branthomme. Inv. ME.2010.54</p>
<p>Cette œuvre, représente la montagnette, petite colline de 6000 hectares située entre Barbentane et Tarascon dans les environs proches de Saint-Rémy. La récurrence de ce motif dans l’œuvre de Marchand souligne son intérêt pour les paysages « semi montagneux », comme ceux des Alpilles ou de la Montagne Sainte Victoire. Dans sa composition le paysage est fractionné en espace de couleurs sur lesquels reposent des arbres ou des murets de pierre extrêmement stylisés. La palette de couleurs est faite de bleus dégradés, de noirs, de verts et des rouges profonds qui viennent renforcer le dessin en soulignant l’arête des collines. Le recours à une composition dans laquelle s’articule les bleus marines et les noirs et caractéristique de l’œuvre du peintre à la fin des années quarante. Le travail sur la nuit fait écho à tout ce qu’on pourrait appeler les cosmogonies d’André Marchand, qui se passionne pour les effets de lumière, le jour dans l’eau ou la nuit dans la découpe architecturale du paysage naturel ou urbain. Cette œuvre se lie aussi à la lumière des nuits arlésienne et saint-rémoise de Van Gogh qui lui aussi avait vu dans cette lumière du midi un support de contemplation infini. Notons que Marchand appuie ses bleus et ses noirs par des verts et des rouges sombres refusant le recours au dialogue contrasté « bleu-jaune » des œuvres de Van Gogh. Enfin, la Montagnette a aussi été le théâtre de nombreux paysages et scènes de genre d’un autre artiste de la région Auguste Chabaud qui y travaille dès 1907 et trouva dans ces architectures naturelles et végétales de multiples sources d’inspiration.</p>
<p>Crédits : André Marchand, La nuit dans la Montagnette © Musée Estrine, cliché Fabrice Lepeltier - Adagp, Paris 2024
André Marchand (Aix en Provence, 1907 — Arles, 1997)<br />
<em>L’arène</em>, 1950<br />
Huile sur toile<br />
Don Violaine Menu-Branthomme. Inv. ME. 2007.48</p>
<p>Peu après l’arrivée de Marchand en Provence, le conservateur du musée d’Arles, Jacques Latour, lui propose de s’installer au musée Réattu. En 1950, Marchand découvre donc la Camargue dont les paysages l’enthousiasment. Dans cette nature sauvage comme dans la ville arlésienne, Marchand va faire la rencontre du taureau. Cet animal qui incarne depuis l’Antiquité la puissance masculine et la fécondité, va devenir l’un des grands sujets de son œuvre. Marchand commence par le représenter dans l’arène, comme dans ce tableau de 1950, mais dans une arène vidée de toute présence humaine, où l’animal seul, évolue au milieu de ces architectures si caractéristiques. Cette solitude du taureau permet à l’artiste de lui maintenir son aura divine. Le taureau lui-même est un camarguais dont on admire la force et l’audace, non un espagnol voué à la mort, ce qui oriente le tableau vers une lecture toute différente. Planté au milieu de l’arène comme un dieu au milieu de son temple, il semble défier le spectateur, reliant de sa masse noire les deux grands aplats de bleu roi et de blanc comme un maillon entre l’ombre et la lumière. Les arènes autour de lui, rendues en gris terne aux arcades précisément cerclées de couleurs complémentaires à peine présentes, en font un écrin, une sorte d’auréole au milieu d’un ciel du même bleu implacable.</p>
<p>Crédits : André Marchand, L'arène © Musée Estrine, cliché Fabrice Lepeltier - Adagp, Paris 2024
André Marchand (Aix en Provence, 1907 - Arles, 1997)<br />
<em>La fleuriste</em>, 1937<br />
Huile sur toile<br />
Achat du musée Estrine avec la participation du FRAM. Inv. ME. 2010.53</p>
<p><em>Portrait de la Fleuriste</em> ou <em>La fleuriste</em> de 1937 est un des premiers exemples d’un type de portrait que l’artiste met en place dans ces années trente et qu’il déclinera à maintes reprises tout au long de sa vie. Une femme est représentée dans un intérieur méditerranéen (à la chaux) très épuré, ouvrant, par une porte, sur un paysage désertique. Ce portrait date de 1937, année ou Marchand reçoit le Prix Paul Guillaume pour <em>La Jeune femme et le paralytique</em>, œuvre sombre et symbolique de l’ensemble de cette période. Contrairement à ce dernier, le portrait de la jeune femme (fleuriste) n’est pas stylisé. Marchand a voulu s’approcher au plus près de la réalité et représenter fidèlement les traits du visage de cette jeune femme. Il fait écho en cela à un grand nu <em>Le sommeil</em> où l’on retrouve la même personnification du modèle. Tout le travail plastique sur les modelés et les rendus de textures, des vêtements à la peau en passant par les fleurs est extrêmement délicat et vient rompre avec le style précédent volontairement plus aride et schématique. La ligne s’est arrondit et dessine le corps en mouvement de cette jeune fleuriste. Le paysage au ciel bleu de la partie droite est traité avec plus de sécheresse venant contraster le portrait en pied à l’intérieur de l’œuvre. Deux univers liés par le bouquet de fleurs qui échappe à tout dans son traitement et dans sa localisation, le ciel, et qui incarne le passage entre ces deux mondes. Celui désertique presque vide du paysage et celui bien rempli et vivant de cette jeune femme. Une peinture originale, d’une sensualité rare, qui illustre métaphoriquement un thème cher à l’artiste : La Mélancolie. La Beauté éphémère et le temps qui passe sont symbolisés par le bouquet de fleurs qui ne tardera pas à perdre son éclat.</p>
<p>Crédits : André Marchand, La Fleuriste © Musée Estrine, cliché Fabrice Lepeltier - Adagp, Paris 2024

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