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Albert Gleizes

Albert Gleizes (Paris, 1881 – Saint-Rémy-de-Provence, 1953)<br />
<em>Arabesque</em>, dit aussi <em>La Libellule</em>, vers 1952<br />
Huile sur bois<br />
Dépôt de la Fondation Albert Gleizes, Paris</p>
<p>En 1950, Albert Gleizes livre son testament artistique avec ses illustrations pour Les Pensées sur l’Homme et Dieu de Blaise Pascal, où il utilise la totalité de ses découvertes plastiques antérieures. Dans ces eaux-fortes, Gleizes systématise le recours au thème plastique de l’arabesque qui trouve bientôt un écho dans sa production picturale. La Libellule invite à une lecture mélodique dans laquelle fond et surface, forme et figure se confondent. La ligne en arabesque y organise une composition lyrique, dans laquelle la fluidité des transparences laisse jaillir la lumière. Avec cette œuvre d’abstraction pure, le peintre nous met en garde contre tout arrêt de l’œil sur une image. Delacroix écrivait à Baudelaire : « …Ces effets mystérieux de la ligne et de la couleur, […] cette partie musicale et arabesque […] n’est rien pour bien des gens ». Ils furent particulièrement importants pour Albert Gleizes.</p>
<p>Crédits : Albert Gleizes, La libellule © Fondation Albert Gleizes, cliché Fabrice Lepeltier

Paris, 1881 — Saint-Rémy-de-Provence, 1953

Peintre, graveur, illustrateur, auteur, Albert Gleizes a laissé une œuvre magistrale.
Dans sa jeunesse, il travaille dans l’atelier de dessin d’ameublement de son père. En 1906, il est membre fondateur du groupe de l’Abbaye de Créteil, maison d’écrivains et d’artistes. En 1908, il rencontre Delaunay et Metzinger avec lequel il écrira en 1912 un traité « Du cubisme ». Il participe en 1911, dans la fameuse salle 41 du Salon des Indépendants, à la consécration du mouvement cubiste. Il exposera la même année à la Section d’Or et au Salon d’Automne jusqu’en 1914. Démobilisé en 1915, il épouse Juliette Roche et séjourne à New-York. Il expose à Barcelone en 1916 avec les Picabia et Marie Laurencin. Il oscille dans sa peinture entre l’influence des recherches de Picabia, Duchamp et Blue Reiter. De retour en France en 1919, de plus en plus préoccupé par des questions sociales et intellectuelles, il enseigne à quelques élèves « La peinture et ses lois » afin de transmettre et de développer les découvertes du Cubisme en peinture. De 1923 à 1926, il développe ses théories sur les Translations-Rotations et les Cadences en peinture. En 1927, il relance à Moly-Sabata, en Isère, l’expérience de l’Abbaye de Créteil avec la participation d’artistes-artisans. La céramiste Anne Dangar et le peintre Pouyaud s’y installent. Il se retire alors progressivement du milieu artistique parisien. Dans une démarche de recherche spirituelle, il adhère en 1931 au mouvement Abstraction-Création, voyant dans l’abstraction artistique un moyen de lutter contre le matérialisme de la pensée. Il donne une série de conférences à Varsovie, Londres et au Bauhaus. L’année 1934 marque une étape majeure dans sa recherche sur le dénouement rythmique de la peinture, et, parallèlement à ces préoccupations, la décoration murale constituera une part importante de son travail qu’il expose en 1937 aux côtés de Léger et de Survage. En 1939, le couple s’installe définitivement à Saint-Rémy-de-Provence, au Mas des Méjades où il crée une communauté d’artistes. Albert Gleizes se convertit au catholicisme et écrit « L’homme devenu peintre » qui résume l’ensemble de ses recherches. De nombreux intellectuels et artistes viendront le rencontrer. En 1950, il illustre les « Pensées de Pascal », qu’il considère comme son testament artistique.
Albert Gleizes a écrit plusieurs ouvrages théoriques dans lesquels il expose ses préoccupations et ses recherches. Il est considéré avec Metzinger comme un précurseur et théoricien du mouvement cubiste. Par la suite, il s’intéresse davantage à la composition et à la dynamique qu’à la forme. En 1953, pour la dernière fois de son vivant, il participe à une exposition sur le cubisme organisée par le M.N.A.M. Ses œuvres sont présentées dans les plus grands musées du monde et dans les collections les plus importantes. Le musée Estrine expose en permanence une rétrospective de ses œuvres et détient plusieurs œuvres de cet artiste considéré comme un important représentant du mouvement cubiste français.

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Albert Gleizes (Paris, 1881 – Saint-Rémy-de-Provence, 1953)<br />
<em>Paysage au bouquet d’arbres</em>, c.1901<br />
Huile sur toile<br />
Dépôt de la Fondation Albert Gleizes, Paris</p>
<p>1901 est une année importante dans la vie d’Albert Gleizes puisque c’est à cette date qu’il ressent la nécessité profonde de peindre. Sa première manière, dont cette œuvre est un exemple, est de facture impressionniste comme le montre le traitement des feuillages par touches vaporeuses. Le site représenté n’est autre que Courbevoie où l’artiste et sa famille résident à l’époque. Gleizes pratiquera cette manière jusqu’en 1907. Comme il le dit lui-même plus tard « mes maitres étaient les impressionnistes, Claude Monet, Pissarro et Sisley ».</p>
<p>Crédits : Albert Gleizes, Paysage au bouquet d'arbres © Fondation Albert Gleizes
Albert Gleizes (Paris, 1881 – Saint-Rémy-de-Provence, 1953)<br />
<em>Maternité glorieuse</em>, 1935<br />
Huile sur toile<br />
Dépôt de la Fondation Albert Gleizes, Paris</p>
<p>Dans ce tableau qui réactualise l’iconographie chrétienne de la Vierge et l’Enfant, Gleizes enveloppe les aplats centraux bleus, verts et rouges d’un réseau de cercles concentriques où l’on retrouve les couleurs modifiées de l’accord central. Il s’agit pour Gleizes d’un rapport d’ordre entre couleur et lumière, dont il trouve le modèle dans le motif de l’« Arc-en-ciel », hérité de la peinture romane, qui va prendre de plus en plus d’importance dans son œuvre. Cette peinture qui a été publiée en 1936 dans la revue Abstraction-Création a valeur de manifeste : l’art sacré peut faire bon ménage avec le langage de l’abstraction, tel qu’il se formalise dans ces années 1930. </p>
<p>Crédits : Albert Gleizes, Maternité Glorieuse © Fondation Albert Gleizes, cliché Fabrice Lepeltier
Albert Gleizes (Paris, 1881 – Saint-Rémy-de-Provence, 1953)<br />
<em>Composition</em>, 1922<br />
Gouache sur papier collé sur carton<br />
Achat des Amis du musée Estrine. Inv. ME.2003.17</p>
<p>En 1922, poussé par ses premiers élèves, Gleizes entreprend l’écriture de son ouvrage La Peinture et ses lois où il développe et précise ses théories plastiques : « Peindre, c’est animer une surface plane, c’est en rythmer l’espace ». Pour cela, l’artiste définit deux notions fondamentales : la « translation » et la « rotation » des plans. La première s’intéresse aux plans droits qu’elle envisage dans des déplacements latéraux de droite à gauche (et inversement) ou combinés. La seconde, comme son nom l’indique, considère les variations des plans obliques à l’intérieur du cercle. L’association de la « translation » et de la « rotation » laisse apparaître des formes traitées en aplats qui soulignent les différentes animations du plan. Cette œuvre séduisante en est une des premières illustrations.</p>
<p>Crédits : Albert Gleizes, Composition © Musée Estrine, cliché Fabrice Lepeltier

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